
Un salarié échange en moyenne 120 messages professionnels par jour, tous canaux confondus, selon une étude menée en 2023 par le cabinet Lecko. Les notifications se multiplient, dépassant parfois le millier chaque semaine, sans garantie d’une meilleure circulation de l’information.
Certains groupes internationaux fixent désormais des créneaux sans messagerie, pointant le risque d’épuisement numérique et de perte de productivité. D’autres misent sur des protocoles stricts pour hiérarchiser messages urgents et échanges de routine. Les pratiques varient, mais la question de l’efficacité réelle de ces outils reste ouverte.
Messageries internes : entre gain de productivité et risque de saturation
Les messageries internes en entreprise ont bouleversé la manière dont les équipes échangent et collaborent. On vante leur réactivité, la centralisation des échanges, la facilité de partage de fichiers. Aujourd’hui, ces outils ne se contentent plus de transmettre des messages. Ils proposent un panel de fonctionnalités qui redessinent la vie de bureau :
- groupes de travail,
- suivi de projets,
- archivage,
tout converge vers une digital workplace pensée pour fluidifier la collaboration.
Les managers y voient un levier pour accélérer les décisions, réduire l’avalanche d’emails internes et simplifier les échanges. Mais à trop vouloir fluidifier, l’entreprise prend le risque d’engloutir ses collaborateurs sous une masse continue de notifications. L’infobésité numérique s’installe, grignotant la concentration, coupant l’élan des tâches en profondeur, générant une pression continue. Les chiffres de Lecko parlent d’eux-mêmes : plus de 100 messages quotidiens à traiter, sans compter les flux d’informations qui s’entrecroisent entre messagerie instantanée, outils collaboratifs et emails. On avance sur une ligne de crête : la promesse de performance effleure parfois la saturation.
Une culture du partage permanent, l’absence de règles claires sur la gestion des notifications, et voilà la frontière brouillée entre efficacité et débordement. L’exemple de la messagerie d’Akeonet, intégrée à l’environnement Veriscope, en dit long : la plateforme centralise documents, discussions et suivi de tâches. Mais pour que l’outil ne devienne pas un piège, il faut poser des balises, former les équipes, impliquer les managers. La qualité de vie au travail ne dépend donc pas uniquement de la technologie, mais aussi de la façon dont elle est introduite, encadrée et vécue au quotidien.
Trois dynamiques cohabitent au cœur des entreprises qui misent sur la communication numérique :
- Productivité accrue grâce à la rapidité et la coordination
- Surcharge provoquée par la multiplication des messages
- Bien-être impacté par l’infobésité et la difficulté à se déconnecter
Des conseils concrets pour alléger l’infobésité et fluidifier la communication au quotidien
Impossible de rester efficace face à un raz-de-marée d’informations sans fixer des règles collectives. Pour limiter la dispersion, chaque équipe gagne à définir un cadre précis : limiter le nombre de groupes, prioriser les canaux, instaurer des horaires pour consulter les messages. La gestion fine des notifications devient une arme de survie numérique : paramétrer, filtrer, organiser, c’est préserver la concentration et limiter les interruptions qui vampirisent l’attention.
Le droit à la déconnexion n’est plus un luxe réservé à quelques-uns. Il s’impose comme un repère, un garde-fou. Managers et RH doivent fixer le cap : ne pas solliciter en dehors des temps de travail, privilégier les consultations asynchrones, montrer l’exemple. Mieux vaut miser sur la pédagogie et la formation : chacun doit apprendre à tirer le meilleur des outils, à classer, sécuriser, distinguer l’urgence du secondaire.
Inutile de multiplier les emails internes pour combler le flou : l’usage de supports visuels rend l’information plus limpide. Ouvrir une boîte à idées sur la plateforme de communication permet aussi de sonder les besoins réels et d’affiner les pratiques collectives. La cohésion d’équipe ne se décrète pas ; elle se construit sur la transparence, le respect de la confidentialité et la confiance, appuyés par des règles claires et la vigilance sur le RGPD.
Voici quelques leviers pour limiter la saturation et restaurer l’efficacité :
- Filtrez et paramétrez les notifications
- Encadrez la communication par des règles partagées
- Formez régulièrement à la gestion des outils
- Faites vivre le droit à la déconnexion
La frontière entre collaboration efficace et surchauffe numérique tient à quelques ajustements, souvent simples, mais décisifs. L’entreprise digitale ne sera jamais un long fleuve tranquille, mais chacun peut apprendre à en naviguer les rapides sans s’y perdre.